Le déploiement de la 5G en France est-il mis à mal par l’épidémie de coronavirus qui touche le pays ?
C’est en effet la question qui se pose, puisque l’on sait maintenant que les enchères pour l’attribution des fréquences 5G, qui étaient prévues pour mi-avril, sont reportées.
Déploiement 5G : un report qui ne surprend pas les opérateurs
La nouvelle ne surprend pas les opérateurs qui s’attendaient à des modifications dans le calendrier initial, alors même que l’Arcep n’avait pas officialisé sa décision. C’est notamment le cas de Thomas Reynaud, le directeur général du groupe lliad, qui annonçait un peu plus tôt se préparer à un report de l’appel d’offres.
Devant la crise sanitaire actuelle, l’Arcep avait déjà annulé la conférence des territoires connectés du 1er avril. Cette annulation laissait présager des complications dans le lancement de la 5G en France, puisque c’est lors de cette conférence que se décide si les opérateurs répondent aux critères obligatoires de couverture en 5G.
Un nouvel obstacle dans le déploiement de la 5G en France
De nombreux pays ont déjà déployé commercialement la 5G. Comme le souligne VIAVI Solutions, la 5G semble déjà disponible dans certaines villes en Europe comme en Espagne, en Irlande ou encore en Allemagne. La France de son côté avait déjà pris du retard dans le processus d’activation de la 5G, à la suite de divers désaccords.
Si dans les faits tout devait être opérationnel courant juin, la crise sanitaire causée par le coronavirus et la mise en place du confinement sont un nouvel obstacle au bon déroulement du calendrier.
À l’heure actuelle il n’est pas possible de savoir à quelle date pourront être reportées les enchères pour l’allocation des fréquences, étape indispensable, car sans fréquences il ne peut pas y avoir de 5G.
Une situation qui ne dérange pas les opérateurs, mais inquiète l’État
Du côté des opérateurs cette nouvelle tombe presque bien. Mettre en place la 5G sur le territoire nécessite d’investir dans de nouvelles antennes très coûteuses, alors même qu’ils doivent encore améliorer la couverture 4G dans certaines campagnes. De plus, ce délai leur permettra peut-être d’avoir des réponses concernant l’autorisation ou non d’utiliser les équipements Huawei dans le réseau 5G.
En ce qui concerne l’État, c’est une tout autre histoire. Non seulement cette annonce va encore accentuer le retard du déploiement de la 5G en France, qui était déjà dans les derniers pays à adopter cette technologie. Mais surtout elle va entraîner un manque à gagner pour le gouvernement, qui attendait beaucoup des enchères pour remplir les caisses de l’État bien qu’un étalement de paiement des opérateurs était envisagé sur une période allant de quatre à quinze ans. Ce sont au minimum 2,17 milliards d’euros que l’État pouvait espérer remporter avec le prix plancher fixé, et bien plus encore avec le jeu des enchères pour l’attribution des fréquences.
Les Français vont donc devoir encore attendre avant de bénéficier de la 5G, qui permettra de télécharger des données jusqu’à 10 fois plus rapidement qu’avec le 4G. En attendant, l’Arcep indique qu’elle étudie plusieurs scénarios pour se tenir prête lorsque le report sera envisageable.